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La complexité de la couleur naturelle

La complexité de la couleur naturelle

La teinture naturelle est présente dans nos sociétés depuis des siècles. Nos ancêtres ont découvert ses complexités et contraintes à force d’'essais et d’'erreurs, développant ainsi un art textile fascinant et riche en couleurs. La révolution industrielle a bouleversé le domaine textile dans sa grande vague de modernité. Les teintures et tissus synthétiques ont progressivement remplacé les matières naturelles, et l’art de créer de la couleur à partir de végétaux, d’insectes et de pigments s’est en grande partie perdu au niveau industriel en moins d’un siècle.

Alors, pourquoi s’y intéresser encore de nos jours  ? Par amour de la couleur et de la nature  ? Bien plus qu’un simple besoin de se vêtir, l’art textile est aussi une manière de s’exprimer et de découvrir les pouvoirs de la science à travers la nature.

 

Pourquoi est-ce si complexe de teindre naturellement  ?

Il y a des bases incontournables pour réussir une teinture dite « "naturelle »".

La première règle est d’utiliser des tissus naturels. Cela peut paraître évident, mais la raison est plus scientifique qu’écologique. Les matières naturelles peuvent absorber les sels minéraux, qui, eux, accueillent la teinture. Ce sont ces sels minéraux qui mordent dans le tissu, créant ainsi un lien moléculaire entre la teinture et la fibre, qu’elle soit cellulosique ou protéinique.

Le processus est long et comprend de nombreuses étapes. Il faut d’abord une matière première qui nécessite du temps pour être cultivée en champ ou élevée dans une ferme, ce qui limite la production.

Ensuite, il faut avoir des ressources pour teindre  : végétaux, insectes ou champignons. Même si une matière semble avoir de la couleur, cela ne signifie pas qu’elle est exploitable en tant que colorant. Les propriétés colorantes ne se trouvent pas toujours là où on les imagine.

 

 

 

Pour teindre une fibre, il faut souvent utiliser au moins le double de son poids en matière première, parfois plus. Cette matière dépend des caprices de la nature  : il faut la récolter, la déshydrater en attendant le traitement ou extraire immédiatement les colorants.

Enfin, la teinture elle-même peut donner des résultats variables, influencés par différents facteurs dans les étapes précédentes.

Personnellement, je trouve enrichissant d’utiliser un tissu créé par un artisan, de traiter cette matière selon un procédé spécifique pour obtenir un certain résultat, puis de la teindre avec des végétaux que j’ai eu le plaisir de voir fleurir.

 

 

La teinture naturelle à échelle humaine

À une échelle de production humaine, la teinture naturelle prend tout son sens. Les contraintes ou règles de base deviennent des options créatives.

La richesse des fibres cellulosiques ou protéiniques influence le résultat final de la teinture. Le mordançage, étape clé du processus, ouvre différentes perspectives créatives. Les mélanges de colorants peuvent produire des teintes riches et profondes ou délicates, comme une pétale de rose. L’aspect aléatoire, dû à certains facteurs hors de notre contrôle, nous enseigne à lâcher prise.

La qualité et la profondeur des couleurs obtenues sur mes vêtements et accessoires me procurent une grande satisfaction, justifiant pleinement la complexité de la teinture naturelle. Réalisée avec simplicité, une étape à la fois, chaque tâche devient une pause créative.

 

Pour aller plus loin

Pour en savoir plus sur les bases des tissus et leur compatibilité avec les teintures naturelles, les types de teintes, les familles de colorants, les modifiants et les plantes tinctoriales du Québec, je vous invite à visionner le webinaire réalisé en collaboration avec la Guilde des herboristes du Québec.

Poursuivez votre exploration et approfondissez vos connaissances à votre rythme !

Au plaisir de vous y retrouver  !

🎥 Accédez au webinaire ici :👇👇👇


Julie Tanguay-Côté
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djustyle.ca